Jean-François Buet was elected Chairman of FNAIM on May 25, 2012 for a mandate of five years. René Pallincourt was Chairperson since 2004 untill December 2012. We asked Jean-François about his work priorities while the economic downturn is still for part severely striking the real estate sector and while the Minister in charge of Housing is preparing a revision of the legislation to access and exercise in the French market (The interview is in French).
Quels sont les priorités que vous souhaitez mettre en avant au cours de votre mandat ?
Mes priorités sont au nombre de six :
• renforcer la visibilité médiatique et le poids politique de la Fédération ;
• faire de la FNAIM une organisation plus décentralisée et participative ;
• développer la formation initiale et continue, tant pour les dirigeants que pour les collaborateurs commerciaux ;
• assurer l’équité entre tous les adhérents de la FNAIM et permettre aux entreprises petites et moyennes de disposer des moyens professionnels les plus efficaces ;
• veiller à la transparence et à l’équilibre économique des activités de service aux adhérents et aux consommateurs ;
• intensifier les pratiques déontologiques de l’ensemble des professionnels.
J’entends ainsi donner à la Fédération une efficacité renouvelée en matière d'influence publique et de lobbying, dans une période où l'immobilier est la cible de mesures budgétaires et juridiques jugées par la profession très préjudiciables au marché et à ses acteurs. Je dénonce l'illisibilité et la brutalité de certaines décisions de l'État pour l'immobilier, et plaide pour une refondation de la politique du logement, fruit d'une concertation avec les professionnels de la transaction et de la gestion.
Je souhaite également renforcer la sécurité des consommateurs par la création d'un conseil supérieur de l’immobilier, garant de la discipline professionnelle, de l'éthique et de la déontologie, des compétences et du règlement extrajudiciaire des litiges.
Enfin, je compte moderniser l'organisation de la FNAIM, en donnant aux chambres territoriales les moyens de l'action politique et médiatique, pour renforcer l'audience de notre organisation..
Vous démarrez votre mandat à un moment sensible et difficile pour le secteur immobilier et pour ses professionnels. N’y a-t-il pas, à la base de votre programme, des perceptions et des attitudes contre lesquelles vous voulez réagir ?
Entre professionnels et vis-à-vis des mandataires politiques, on doit oser parler vrai. Et il y a des ‘on dit’ que nous devons corriger de toutes nos forces, en y opposant ‘notre vérité’. Il y a ainsi, il est vrai, des perceptions et des attitudes que je n’accepte pas.
Je n’accepte pas – je n’accepte pas de voir planer sur la profession cette idée d’argent facile, gagné sans effort, alors que nos métiers sont complexes et exigeants lorsqu’ils sont exercés dans les règles de l’art ;
Je récuse l’idée selon laquelle nos honoraires, juste rémunération de nos prestations, sont de nature à faire augmenter les prix de l’immobilier, car notre rôle est celui d’être régulateur du marché ;
Je m’oppose à dire que tout va bien, alors que le retournement de l’économie provoque, dans nos entreprises, des pertes d’emplois avec leurs drames personnels et familiaux ;
Je ne veux pas entendre que la FNAIM couvre les (pires) turpitudes des professionnels alors qu’elle est la seule, par son comité d’éthique instauré en 2005, à imposer des règles de déontologie et de formation à ses adhérents ;
Je ne veux pas que l’on compare les professionnels vertueux du logement avec les aventuriers de l’immobilier qui n’ont même pas pignon sur rue.
Le nouveau Ministre en charge du Logement a, depuis sa récente prise de fonction, inscrit le logement au rang des priorités de la politique du gouvernement français. Ceci inclut une révision de la Loi Hoguet de 1970 et ses décrets d’application, qui régit les conditions d’accès et d’exercice des métiers de l’immobilier. Est-ce une bonne chose ?
Oui, il faut impérativement revoir la réglementation qui régit les conditions d’accès et d’exercice de nos métiers, pour tous. La loi Hoguet du 2 janvier 1970 et ses décrets d’application ont pris, avouons-le, un vrai coup de vieux.
J’appelle ainsi de mes voeux la création d’un conseil supérieur de la profession aux cotés de l’Etat, sachant qu’il est impératif pour nos organisations syndicales de conserver leur rôle de représentation des métiers qu’elles fédèrent. Et je souhaiterais vivement aussi la création d’un comité stratégique de discipline, présidé par un magistrat, et ouvert aux associations de consommateurs.
Pour l’ensemble de nos confrères, indépendants, groupés, ou franchisés, seule une nouvelle réglementation permettra également de lutter contre les pratiques illicites et l’amateurisme, d’éradiquer la profession de ses mauvais sujets et de garantir un niveau d’exigence adapté à la sécurisation des projets de la clientèle.
Sur les points qui touchent à l’accès à la profession ainsi qu’à l’exercice de celle-ci, nous avons besoin d’une feuille de route simple, lisible et durable pour que nos concitoyens s’y retrouvent.
Est-ce qu’une nouvelle législation devra verdir le propos et réussir le rendez-vous avec le développement durable ?
Forts d’avoir initié en 2010 un programme de 100 000 logements éco-rénovés au sein de notre Fédération et en tant que partie prenante du Plan Bâtiment désormais Durable, nous mesurons le défi que représente l’objectif annuel de 500 000 rénovations thermiques fixé par le Gouvernement.
Mais comme la confiance, l’éco-rénovation, cela ne se décrète pas. C’est pour vous avouer que malgré nos efforts pour sensibiliser nos adhérents et nos clients à la démarche, au travers notamment de la formation et de notre collaboration active avec l’ensemble de la filière énergétique et du bâtiment, le passage à l’acte demeure encore difficile à motiver.
Là encore, nous avons besoin de visibilité, d’aides et d’outils adaptés pour convaincre et aboutir.
Sans aborder toutes nos propositions en la matière et pour souscrire à celles du Plan Bâtiment Durable, je me limiterai à rappeler que nous travaillons, dans le cadre de la copropriété, à la formulation de propositions visant à faciliter des éco-prêts collectifs et la constitution de provisions obligatoires pour accompagner les plans pluriannuels de travaux.
Le marché de l’immobilier et les professionnels de l’immobilier continuent de souffrir du climat économique plus que morose. Les recettes fiscales actuelles vous paraissent-elles appropriées pour aider le marché à rebondir à court terme ?
Outre le discours alarmiste sur la frilosité des banques, les différentes lois de finances et les projets en discussion ont refroidi les acquéreurs et gelé les vendeurs.
Le marché est en apnée et ne retiendra pas son souffle plus longtemps : vu l’ampleur de la baisse de l’activité, les fermetures d’agences se multiplient et celles qui résistent, licencient. Nous devons protéger nos emplois.
Il faut à tout prix arrêter le « yoyo fiscal ». La fiscalité, c’est de la nitroglycérine que nous devons manier avec précaution : tout excès est toujours puni par un résultat inverse à celui escompté : cela favorise l’attentisme, sans créer de choc d’offre, ni de rentrées fiscales.
Il ne faut pas confondre fiscalité incitative et fiscalité confiscatoire. Les taxes foncières et d’habitation sont à des niveaux historiquement élevés. La TVA sur les travaux a été relevée et va l’être encore.
Par ailleurs la fiscalité relative aux plus values immobilières est une totale aberration.
Mais réfléchissons aussi en termes de pouvoir d’achat. Faut-il aider certains ménages modestes sur les droits de mutations ? Faut-il aider les acquéreurs dans leur montage financier en restaurant, par exemple, le prêt à taux zéro sous éco-conditionnalité ? Faut-il reconnaître les bailleurs comme acteurs économiques de premier plan, mobiliser une épargne et mieux assurer le paiement des loyers pour abonder l’offre des logements disponibles ? Faut-il réfléchir à un encadrement des loyers qui, pour protéger les revenus faibles n’en pénalise pas les investisseurs.
Comme intermédiaires, nous servons les intérêts tant des bailleurs que des locataires, des vendeurs que des acquéreurs. Ce sont toutes ces parties prenantes qui doivent bénéficier de conditions complémentaires et spécifiques pour faire rebondir le marché de l’immobilier. Seule la correction à la baisse des prix conjuguée à des taux historiquement bas ne parviendra pas à relancer l’activité.
Les difficultés économiques, autant que l’engagement de la FNAIM sont un fait national et Européen. Comment voyez-vous la contribution de votre association au travail solidaire des trente associations nationales au sein du CEPI ?
L’action de persuasion et d’analyse que nous menons auprès des décideurs politiques français doit être relayée et accentuée auprès des instances européennes. C’est sur ce point en particulier que nous sommes prêts à nous engager encore d’avantage.
De même, notre service économique apportera tout son concours à toute mise en place d’un observatoire européen d’analyse et de comparaison des fiscalités en Europe.
Notre représentant au CEPI a toute notre confiance et une parfaite connaissance de tous ces sujets, il saura être notre relais.